Albi. Des éleveurs contre le puçage des troupeaux

Dimanche 19 février 2012 // Ils ont dit et fait

Une cinquantaine de militants, éleveurs et parents d’élèves, se sont réunis hier dans la Cité administrative d’Albi pour dénoncer l’informatisation de la société.

C’est grâce à une version revisitée du Temps des Puces de Pierre Perret, que des éleveurs du Tarn ont dénoncé, hier matin, l’obligation de procéder au puçage électronique de leurs troupeaux. Après avoir cadenassé l’entrée de l’inspection académique grâce à l’aide de parents d’élèves solidaires du mouvement, ils ont occupé les locaux de la direction départementale des territoires et y ont lu des extraits d’œuvres de Philip K. Dick et Jocelyne Porcher, symptomatiques de leur point de vue face au fichage des bêtes et à l’informatisation de la société. Une manière ludique de faire passer un message. « Monde robotisé »

« Nous vivons avec nos bêtes, nous n’élevons pas de la viande ! Pas question de chercher sans cesse à plier les animaux à notre volonté », affirme un des éleveurs. Grâce à cette opération, les éleveurs présents comptent bien montrer leur volonté de résister à des injonctions administratives qui, selon eux, remettent en cause la nature même de leur profession.

« C’est une opération risquée, affirme Jason, porte-parole des éleveurs. En refusant de nous plier à des directives qui prétendent respecter l’environnement, mais qui nous amènent peu à peu vers un monde entièrement robotisé, nous risquons de perdre des primes essentielles à notre survie, vu le prix dérisoire de la viande aujourd’hui. Mais il est de notre devoir de manifester contre un phénomène qui remet non seulement en cause notre profession, mais aussi la démocratie elle-même. » « Manifestation citoyenne »

À l’origine du mouvement, le collectif Faut pas pucer, composé en majorité d’éleveurs du Tarn et du Tarn-et-Garonne, souligne les risques liés aux innovations qui, selon eux, dépossèdent la population de ses activités et de ses moyens d’existence.

« C’est avant tout une manifestation citoyenne » affirme un parent d’élève qui s’est joint au mouvement. « Il s’agit de faire prendre conscience aux gens, et également aux fonctionnaires qui appliquent les directives, des conséquences d’une informatisation forcenée telle qu’elle a lieu de nos jours. »

Les militants ont en effet également manifesté, dans le cadre de l’éducation, contre l’informatisation à titre expérimental du livret personnel de compétences dans le Tarn, qu’ils considèrent être un moyen de ficher les enfants dès leur plus jeune âge. « On assiste à la soumission invisible de la population : il n’y a pas de chef suprême, et pourtant tout le monde est contrôlé. Regardez Facebook : avec un tel outil, le chômage plane au-dessus des renseignements généraux », ironise Jason. « D’ailleurs, nous n’avons pas eu besoin de passer par les réseaux sociaux pour nous organiser. C’est une fierté et peut-être le début d’un changement. »

La préfecture, qui n’avait pas été prévenue du déroulement de cette manifestation, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

Collectif contre le puçage : contrelepucage.free.fr ; contact fautpaspucer@laposte.net. source : http://www.ladepeche.fr/article/2012/02/18/1286677-des-eleveurs-contre-le-pucage-des-troupeaux.html