Transhumance hivernal en drome

Vendredi 11 janvier 2013 // Ils ont dit et fait

Aujourd’hui, Irène et Étienne Mabille sont victimes de la pression administrative et ne toucherons pas les aides liées à leur troupeau de brebis car elles ne sont pas identifiées "légalement" et "n’existent donc pas". Demain, c’est nous qui serons contrôlés et sujets à de telles pressions.... Nous devons donc continuer notre combat pour pouvoir élever nos troupeaux comme bon nous semble et pour éviter la disparitions d’éleveurs blasés et anéantis.

Nous organisons donc une transhumance de Mornans à la Préfecture !

Départ le lundi 28/01 de chez Sébastien Pelourson à Mornans

- lundi soir : projection du film "Mouton 2.0" à Saou
- mardi soir : projection du film "Mouton 2.0" à Divajeu ou Crest
- mercredi soir : projection du film "Mouton 2.0" à Montmeyran
- jeudi soir : projection du film "Mouton 2.0" à Valence
- vendredi midi : arrivée devant la préfecture
- samedi matin retour des brebis dans leurs élevages respectifs.

L’objectif de cette mobilisation est de faire du bruit, de solliciter les médias et d’attirer la population par une marche pacifique et joviale, avec diffusion du film et débat. La finalité est de rencontrer le préfet de la Drôme et le Ministre de l’Agriculture (pourquoi pas oser !) et de leurs remettre les motions de soutien des différents élus et mairies (60 à ce jours), ainsi que l’argumentaire sur le droit au choix de l’identification.

C’est par la présence d’un plus grand nombre que l’action fonctionnera, sur une journée, une soirée ou une semaine.

Présentation des collectifs :

Nous sommes des collectifs de différents départements, regroupant essentiellement des éleveurs mais aussi des non-agriculteurs. Chaque collectif est indépendant et ne se revendique d’aucun syndicat ni parti politique. En tant qu’éleveurs, nous sommes soumis à des contraintes de plus en plus fortes qui nous obligent à accepter les normes de l’élevage industriel. Considérant que ce mode d’élevage est une impasse, alors même que d’autres voies existent, nous refusons de nous y soumettre et nous revendiquons le droit des paysans à rester maîtres de leur pratiques. Pour ce faire, nous organisons une transhumance de plusieurs jours à travers la Drôme pour attirer l’attention de la population et des pouvoirs publics sur deux mesures qui s’opposent à notre vision de l’élevage et qui contribueront à fragiliser un grand nombre de fermes : l’identification électronique des ovins et caprins et l’obligation d’acheter des reproducteurs mâles « certifiés » pour tous les ruminants.

L’identification électronique des ovins et des caprins, c’est-à-dire la pose d’une boucle munie d’une puce RFID à l’oreille des animaux, est obligatoire depuis juillet 2010. Les arguments avancés par l’administration sont l’amélioration de la traçabilité et la facilitation des conditions de travail des éleveurs, deux arguments que nous réfutons. En effet, le système actuel d’identification (une boucle classique à chaque oreille) assure une traçabilité amplement suffisante et notre travail se verra alourdi d’une contrainte informatique inutile et coûteuse. Si nous ne croyons pas à l’intérêt de cette mesure pour l’élevage, nous ne doutons pas qu’imposer l’usage de gadgets électroniques à toute une profession ouvrira un marché fort intéressant à l’industrie des nanotechnologies, particulièrement bien implantée en France. Les éleveurs qui ne posent pas cette boucle électronique sont passibles de sanctions financières très lourdes. Un couple d’éleveurs de la Drôme s’est ainsi vu supprimer ses aides PAC au titre de la conditionnalité des aides équivalant à 8000€. Nous acceptons d’autant plus difficilement cet empressement de la France à imposer la mesure qu’elle va totalement à l’encontre d’un rapport parlementaire européen de 2008, signé par notre actuel ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll. Nous sommes donc en droit de nous interroger sur un tel retournement de situation... Enfin, nous avons de profondes inquiétudes sur l’avenir d’une société qui puce de plus en plus largement les êtres vivants et qui ne voit de salut que dans toujours plus de technologie.

Autre facette de l’industrialisation de l’élevage, promise pour 2015, l’obligation de se fournir en reproducteurs mâles certifiés, c’est-à-dire issus de centres de sélection. Autrement dit, il s’agit d’interdire aux éleveurs les échanges de mâles entre les fermes, comme cela s’est toujours fait. Les mâles ne seront donc plus sélectionnés que sur des critères propres à l’industrie. Exit les multiples critères paysans qui assurent diversité génétique, rusticité, résistance aux maladies, etc. La seule chose que l’élevage risque de gagner avec une telle mesure, c’est la dégradation du capital génétique existant et l’apparition de nouvelles maladies. Mais soyons rassurés, l’industrie saura inventer les remèdes et vaccins nécessaires !

La transhumance que nous organisons a pour objectif de faire connaître le plus largement possible notre situation et nos positions. Nous souhaitons que la population soit consciente de ce que signifierait la disparition totale des élevages non industriels pour l’environnement, le bien être animal et la santé des hommes et des femmes. Nous pensons que les animaux sont autre chose qu’un objet industriel permettant de faire de l’argent et que les éleveurs doivent rester libres de leurs pratiques pour faire perdurer la notion du vivant dans leurs rapports avec les animaux. Quand à l’administration, et donc à l’Etat, nous souhaitons lui signifier notre refus catégorique de nous plier à des exigences qui ne servent que l’industrie. Après avoir déjà rencontré à plusieurs reprises différents représentants locaux de l’administration qui nous disent ne pas être en mesure de répondre à nos revendications, nous sollicitons une rencontre avec Monsieur Le Foll, Ministre de l’Agriculture, lors de notre arrivée à Valence pour lui demander la levée de l’obligation de l’identification électronique et la suppression du projet de mâles certifiés.