RésisTranshumance... pour la liberté de l’élevage et contre les obligations inutiles

Mercredi 22 mai 2013 // Ils ont dit et fait

Nous sommes des éleveurs de brebis et de chèvres regroupés au sein du collectif pour la liberté de l’élevage en région PACA, collectif qui s’est opposé avec succès contre l’obligation de vaccination contre la Fièvre Catarrhale Ovine. En effet, depuis de nombreuses années, nous nous battons contre la dépossession de notre métier face aux contraintes imposées par les différentes instances administratives, qui nous poussent de plus en plus vers un élevage industriel. Considérant que ce mode d’élevage est une impasse, alors même que d’autres voies existent, nous refusons de nous y soumettre et nous revendiquons le droit des paysans à rester maîtres de leurs pratiques. Pour ce faire, nous organisons une transhumance de plusieurs jours à travers le département des Alpes de Haute Provence pour attirer l’attention de la population et des pouvoirs publics sur deux mesures qui s’opposent à notre vision de l’élevage et qui contribueront à fragiliser un grand nombre de fermes : l’identification électronique des ovins et caprins et l’obligation d’acheter des reproducteurs mâles « certifiés » pour tous les ruminants.

L’identification électronique des ovins et des caprins, c’est-à-dire la pose d’une boucle munie d’une puce RFID à l’oreille des animaux, est obligatoire depuis juillet 2010. Les arguments avancés par l’administration sont l’amélioration de la traçabilité et la facilitation des conditions de travail des éleveurs, deux arguments que nous réfutons. En effet, le système actuel d’identification (une boucle classique à chaque oreille) assure une traçabilité amplement suffisante et notre travail se verra alourdi d’une contrainte informatique inutile et coûteuse. Si nous ne croyons pas à l’intérêt de cette mesure sauf pour l’élevage industriel, nous ne doutons pas qu’imposer l’usage de gadgets électroniques à toute une profession ouvrira un marché fort intéressant à l’industrie des nanotechnologies, particulièrement bien implantée en France. Les éleveurs qui ne posent pas cette boucle électronique sont passibles de sanctions financières très lourdes. Nous acceptons d’autant plus difficilement cet empressement de la France à imposer la mesure qu’elle va totalement à l’encontre d’un rapport parlementaire européen de 2008, signé par notre actuel ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll. Nous sommes donc en droit de nous interroger sur un tel retournement de situation... Enfin, nous avons de profondes inquiétudes sur l’avenir d’une société qui puce de plus en plus largement les êtres vivants et qui ne voit de salut que dans toujours plus de technologie.

Autre facette de l’industrialisation de l’élevage, promise pour 2015, l’obligation de se fournir en reproducteurs mâles certifiés, c’est-à-dire issus de centres de sélection. Autrement dit, il s’agit d’interdire aux éleveurs les échanges de mâles entre les fermes, comme cela s’est toujours fait. Les mâles ne seront donc plus sélectionnés que sur des critères propres à l’industrie. Exit les multiples critères paysans qui assurent diversité génétique, rusticité, résistance aux maladies, etc. La seule chose que l’élevage risque de gagner avec une telle mesure, c’est la dégradation du capital génétique existant et l’apparition de nouvelles maladies. Mais soyons rassurés, l’industrie saura inventer les remèdes et vaccins nécessaires !

La transhumance que nous organisons a pour objectif de faire connaître le plus largement possible notre situation et nos positions. Dans chaque ville et village que nous traversons nous allons projeter le film « mouton2.0 » suivit d’un débat. Nous nous retrouverons ensuite en musique autour de grillades ou d’un méchoui. Nous souhaitons que la population soit consciente de ce que signifierait la disparition totale des élevages non industriels pour l’environnement, le bien être animal et la santé des hommes et des femmes. Nous pensons que les animaux sont autre chose qu’un objet industriel permettant de faire de l’argent et que les éleveurs doivent rester libres de leurs pratiques pour faire perdurer la notion du vivant dans leurs rapports avec les animaux. Quand à l’administration, et donc à l’Etat, nous souhaitons lui signifier notre refus catégorique de nous plier à des exigences qui ne servent que l’industrie.

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Collectif pour la liberté de l’élevage "Eleveurs solidaires PACA"